viernes, julio 07, 2006

Deuxième journée

Voilà.

Cette fois le train du livre est vraiment parti : sept pages !

Même si dans mon coeur l'image est davantage celle d'un navire, l'image d'un grand navire, d'un grand d'un haut navire ouvert à la coque indécente, d'une sorte de vaisseau des pestiférés, d'une nef de cette race de poètes que le vent a toujours eu pour mission de porter loin, loin d'ici où les mots sont bien sages et les sens amarrés !

Je pense à toi surtout au moment où leurs côtes m'éloignent : je pense à toi vieux bateau ivre de mes dix ans qui me sauva de l'étouffement de la terre, je pense à vous, vous tous mes très vieux et vrais frères, vous toutes mes soeurs si belles en habits de voiles blanches qu'il s'agira toujours de hisser

vers Elle !




...Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployés,
Vertiges, écroulements, déroutes et pitié !
-Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, -seul, et couché sur des pièces de toile,
Ecrue, et pressentant violemment la voile !

Arthur, 1